Le 9 février: NON à l’initiative “financer l’avortement est une affaire privé”

Le comité de l’association Pro Familia Vaud se positionne fermement contre la dangereuse et rétrograde initiative “financer l’avortement est une affaire privée”.

Le remboursement de l’interruption de grossesse par l’assurance-maladie est le seul moyen de garantir à toutes les femmes l’accès au droit d’interrompre une grossesse non désirée dans des conditions sanitaires de qualité. Dangereuse et rétrograde, cette initiative implique que les femmes socialement ou financièrement défavorisées se voient renvoyées aux dangereux avortements bricolés.

Cette initiative implique un risque de retour en arrière qui inquiète fortement notre association.

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ARGUMENTAIRE COMPLET DU CLAC
Le CLAC, collectif pour la liberté de l’avortement et de la contraception, coordonne la campagne cantonale : www.le-clac.ch

2002-2013… et nous revoilà aux urnes !

La lutte pour l’avortement est vive depuis plus de 40 ans dans notre pays. En 1981, l’interruption de grossesse est intégrée dans les prestations de base de la LAMal. Le régime du délai, qui marque le droit pour les femmes d’interrompre une grossesse dans les 12 premières semaines sans crainte d’être poursuivies en justice, est accepté en juin 2002 par 72% des votant×e×s. Il est en vigueur aujourd’hui. Après ces nombreuses années de lutte et la reconnaissance de ce droit fondamental, les milieux anti-avortement, l’UDC[1] en tête, passent pourtant à nouveau à l’attaque avec cette initiative.

Nous avons lutté trop longtemps pour arriver à une solution raisonnable. Comment pourrions-nous accepter un objet qui n’a en réalité pas trait à la question financière, mais cache un incroyable et intolérable retour en arrière, en attaquant le droit à l’autodétermination des femmes ?

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L’assurance maladie est une assurance solidaire !

L’Organisation Mondiale de la Santé affirme que la santé est un état de bien-être physique, mental et social. Même si l’avortement n’est pas une maladie, c’est un traitement dont le but est de rétablir la santé ou d’éliminer voire prévenir un état qui rend malade. En effet, une grossesse non désirée menée à terme peut avoir des conséquences physiques et psychiques sur la santé des femmes !

L’assurance-maladie est une assurance solidaire. Les positions morales ou les convictions philosophiques de chacun×e n’entrent pas en compte dans ce cadre. Sans pour autant cautionner un comportement que l’on trouverait irresponsable, ce qui est fait avec l’argent des primes n’implique pas la responsabilité des cotisant×e×s. On peut ainsi difficilement invoquer la liberté de conscience de certain×e×s assuré×e×s pour empêcher le remboursement de l’avortement par l’assurance maladie de base. Ne vidons pas notre système de santé de son sens : il est inacceptable que, sur la base des principes moraux de certains assuré×e×s, l’avortement soit retiré des prestations de la LaMal.

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L’avortement est un droit !

Cette initiative discrimine les femmes les plus précarisées en dégageant complètement les hommes de leur responsabilité quant à la contraception et aux grossesses non désirées. Les hommes sont pourtant co-responsables et devraient être tout autant concernés par cette question. Au vu de ce qu’elle implique, cette initiative devrait plutôt s’intituler « L’avortement est l’affaire des femmes – qu’elles se débrouillent ! ».

Un comité composé à majorité d’hommes décide de remettre en cause le droit des femmes à disposer de leur corps.  Faut-il mentionner à nouveau qu’avant la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse, des femmes, dans la tentative de vivre leur vie comme elles le désiraient, n’ont pas eu d’autre choix que de se mutiler, en ayant recours à des moyens de fortune ? Sortir le financement de l’avortement de l’assurance de base limite considérablement et très concrètement le droit à la liberté des femmes – avant tout des plus pauvres – à disposer de leur corps. Nous ne nous laisserons pas enfermer dans ce  rôle de pêcheresses – payeuses. Notre corps nous appartient. La responsabilité de vouloir et pouvoir avoir un enfant nous revient. Les raisons de notre choix ne regardent personne, mais la protection de ce droit doit être impérativement une affaire publique, car nous n’avons pas toutes les mêmes possibilités pour le faire respecter.

Nous sommes aujourd’hui le 10 décembre, journée internationale des droits humains. Rappelons à cette occasion que le choix d’une interruption de grossesse fait partie de ces droits. En 2005, le Tribunal Fédéral l’a reconnu comme un noyau intangible de la liberté personnelle garantie par la Constitution. Par ailleurs, la Convention de l’ONU sur l’élimination des discriminations à l’égard des femmes, que la Suisse a ratifiée, prévoit notamment que les Etats doivent assurer « les droits de décider librement et en toute connaissance de cause, du nombre et de l’espacement des naissances et d’avoir accès (…) aux moyens nécessaires pour leur permettre d’exercer ces droits ». Or, le remboursement de l’IVG est un moyen nécessaire à l’exercice du droit à l’avortement. Supprimer les moyens qui permettent de choisir d’interrompre une grossesse constitue une attaque grave à cet acquis essentiel. Une liberté sans possibilité de l’exercer n’en est plus une : l’IVG doit donc rester dans les prestations de la LaMal comme moyen de mise en œuvre effective du droit à l’avortement.

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Une initiative mensongère !

Les coûts d’un accouchement sont plus élevés que pour une interruption de grossesse. La somme totale revient à peine à 0.02% des coûts globaux de la santé et représente moins de 10 centimes par mois pour chaque personne majeure assurée !

Le coût de l’IVG, s’il n’est pas remboursé, rend pourtant son accès plus difficile pour les femmes socialement et financièrement défavorisées, ce qui met leur santé en danger. Opposons-nous à une médecine à deux vitesses ! Que souhaitons-nous ? Une société où les riches iront se faire avorter dans des cliniques privées pendant que les autres sortiront leurs aiguilles à tricoter ? L’histoire montre qu’illégaux ou non, remboursés ou non, les avortements ont lieu, parfois dans des conditions sanitaires précaires et en mettant en danger la vie des femmes !

Tout contraceptif, même le plus efficace à un certain taux d’échec. 60% des interruptions de grossesse sont pratiquées en raison d’un échec contraceptif. L’avortement n’est en aucun cas devenu un mode de contraception, il est au contraire le dernier recours une fois que la contraception a échoué. En Autriche, où l’avortement n’est pas couvert par la Sécurité sociale, le taux d’avortement représente trois fois celui de la Suisse. Dix ans après la votation, le régime du délai a fait ses preuves : l’avortement est en constante diminution et la Suisse détient l’un des taux les plus bas au monde !

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Prévention et accès facilité à la contraception !

Prenons le problème à l’envers: plutôt que de supprimer le remboursement de l’avortement, axons notre énergie et notre argent sur la prévention ! Défendons l’éducation sexuelle obligatoire dans les écoles et une contraception libre et gratuite pour tout×e×s !

Pour défendre ces droits, le CLAC ! appelle à une manifestation le 18 janvier 2014 à Lausanne.

Le Clac – Collectif pour la liberté de l’avortement et de la contraception

 



[1]
Le comité d’initiative est formé de 8 UDC, 7 PDC, 3 PEV, 3 UDF, 1 PLR et 3 sans appartenance politique. Sur 25 membres, 7 seulement sont des femmes.

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