Par Michèle Gay Vallotton, Présidente de Pro Familia Vaud.
Publication dans 24 Heures le 16 septembre 2020.
Un congé paternité rémunéré découle d’une juste appréciation du rôle des pères dans l’accueil d’un enfant et dans la construction des liens intrafamiliaux qui suivent une naissance. Après vingt-deux ans de réflexion depuis la première intervention au parlement sur ce sujet, il est temps que la Suisse se dote d’une loi qui en règle le contenu et le financement pour permettre à tous les pères de notre pays d’en bénéficier.
On assiste depuis de nombreuses années à une évolution des familles et de la représentation qu’on se fait de la place du père. Les pères d’aujourd’hui souhaitent s’occuper de leur bébé dès sa naissance et créer des liens avec lui, loin de la figure d’autorité rigide du passé, absente du quotidien de l’enfant.
À l’arrivée d’un bébé, l’aide du père est essentielle pour permettre à la mère de se reposer quelques instants dans la journée et la nuit, d’accomplir d’autres tâches et, cas échéant, pour s’occuper des autres enfants. Cette aide a toujours été nécessaire, mais auparavant elle était apportée par d’autres femmes, mère, tante, grand-mère, qui habitaient dans la même maison ou à proximité, ce qui est aujourd’hui rarement le cas.
En outre, s’il dispose de jours de congé, le père développe des compétences complètes sur les soins qu’il faut donner à un nourrisson tout au long de la journée, comme la mère. Cette aptitude commune favorise la compréhension mutuelle à l’intérieur du couple et permet de structurer de façon satisfaisante la répartition des tâches dans la perspective de l’organisation familiale future. On sait par ailleurs qu’un grand nombre de mères réduisent ou interrompent leur travail avec l’arrivée d’un enfant et qu’il leur est difficile ensuite de retrouver une activité, l’ensemble de leur carrière professionnelle étant marqué par cette interruption. Le congé paternité est propre, par la confiance qu’il a permis de créer entre les parents, à faciliter la réinsertion professionnelle des femmes après une naissance.
Le financement direct du congé paternité étant prévu par les APG, les opposants mettent en avant les coûts indirects et les difficultés d’organisation inhérentes à la mise en place d’un congé paternité dans les entreprises.
Il vaut la peine d’écouter ces patrons de PME qui ont introduit un congé paternité depuis plusieurs années et qui nous disent exactement le contraire. Non seulement les coûts sont tout à fait supportables de par la rareté de ces congés, mais de plus ils évitent les difficultés inhérentes au fait que la fatigue et le manque de sommeil ne favorisent pas la concentration au travail. Enfin, il est relevé que le congé paternité s’accompagne d’une grande solidarité de la part des autres collaborateurs.
Le parlement a délivré un message sociétal fort en acceptant un congé paternité. C’est maintenant au peuple de le soutenir massivement le 27 septembre.