Mencare : campagne pour promouvoir l’engagement des pères au sein de la famille

Lancé par l’association männer.ch, MenCare est un projet national pour la promotion d’une société où les hommes assument naturellement leurs responsabilités envers les enfants, dans leur relation et vis-à-vis d’eux-mêmes.

Nous reproduisons ici un article du 24 Heures, signé par Jérôme Ducret et publié le 30 mai 2016.

Pourquoi les femmes consacrent-elles généralement plus de temps que les hommes en Suisse à l’éducation des enfants ou à la prise en charge bénévole d’autres personnes? Selon l’analyse livrée lundi à Berne par des représentants de Männer.ch, l’association regroupant hommes et pères sensibles à l’égalité hommes-femmes, c’est parce que la société suisse est encore imprégnée d’images traditionalistes des rôles des unes et des autres. Pour changer cela, Männer.ch a lancé un nouveau programme national appelé MenCare.

Le MenCare suisse est le trente-sixième du nom, d’autres ayant été lancés sur tous les continents. «La Constitution consacre le principe d’égalité entre les sexes, avec notamment l’idée du salaire égal pour un travail égal, argumente Markus Theunert, directeur du programme pour la Suisse. Mais si le nombre d’heures de travail est globalement équivalent dans notre pays, il y a environ deux tiers des heures effectuées par les femmes qui ne sont pas rémunérées, ce qui correspond par exemple à s’occuper des enfants ou des parents âgés, contre seulement un tiers pour les hommes. Et c’est l’inverse pour le travail payé.»

«Dans les faits, la liberté de choix dans ce domaine n’est pas assurée aujourd’hui»

«On entend souvent dire que la répartition des tâches éducatives est une affaire privée, continue-t-il. Mais dans les faits, la liberté de choix dans ce domaine n’est pas assurée aujourd’hui. Si l’on veut que les femmes puissent exercer une activité rémunérée de manière plus importante, il faut que les hommes puissent consacrer plus de temps aux tâches bénévoles.»

L’ombre du congé paternité, dont l’idée a maintes fois été rejetée par le parlement, plane sur la discussion. «L’axe politique n’est qu’un volet du programme, précise Markus Theunert. Nous n’allons pas faire de lobbyisme, mais plutôt jouer le rôle de facilitateur. On peut imaginer par exemple un groupe interpartis dialoguant sur cette question et sur d’autres.»

Budget de 2 millions

Le programme est doté d’un budget de presque 2 millions de francs pour les années 2015 à 2017, qui serviront à une campagne d’information, à des formations continues et à de nombreuses autres actions. Les contributions proviennent de sponsors, des cantons, de la Confédération, et de quatre grandes fondations, dont la Fondation Oak, active mondialement dans la lutte contre les abus envers les enfants, et la Société suisse d’utilité publique, à l’origine de Pro Juventute. Des lancements seront aussi spécifiquement organisés en Suisse romande et au Tessin.

Parmi les nombreux acteurs intéressés à ce programme, on peut citer les professionnels du conseil aux mères et aux pères, dont l’association faîtière voit MenCare d’un bon œil. «Nous soutenons toutes les actions qui permettent aux hommes de participer plus activement à l’éducation et à la garde des enfants en tant que pères, mais aussi en tant que professionnels de ce domaine», déclare Olivia Thoenen, directrice de l’Association suisse des consultations parents-enfants. Avec comme justification les effets bénéfiques sur le développement des enfants. (24 heures)