Reconnaissance des familles recomposées et homoparentales à l’école genevoise

Le Département de l’Instruction publique du canton de Genève a adapté les formulaires d’informations à remplir par les parents d’élèves.
Désormais, il n’est plus question d’indiquer qui est le père et qui est la mère, mais qui sont les parents. Cela permet tant aux parents homosexuels qu’aux parents vivant dans un ménage recomposé de remplir le questionnaire sans gêne et avec un rôle reconnu.

Espérons que cette démarche genevoise fasse des émules à l’Ecole vaudoise !

Nous reproduisons ici un article publié le 6 octobre 2016 dans Le Courrier, signé par Quentin Pilet.

 

L’école fait un pas vers les parents de même sexe

Un formulaire de récolte d’informations a été modifié afin de permettre une meilleure reconnaissance des familles homoparentales par le Département de l’instruction publique.

Comme le relayait le Magazine 360°, le formulaire BDS – pour banque de données scolaires – qui sert à la tenue des registres de classe a connu une modification visant à inclure les parents homosexuels et les familles recomposées. Une avancée saluée par le milieu LGBT.

Compléter le formulaire BDS est un rituel au sein de l’école genevoise. Chaque année depuis leur première rentrée, les élèves reçoivent ce questionnaire qui vise à récolter des informations sur l’enfant et sur son entourage. Ainsi, sont demandés les origines, la langue maternelle, les coordonnées ou encore l’emploi de chaque parent.

«C’est en quelque sorte le passeport de l’élève, il le suit tout au long de sa scolarité», explique Franceline Dupenloup, responsable des questions d’égalité et d’homophobie au sein du Département de l’instruction publique (DIP).

«Le diable se cache dans les détails»

Cette année, la fiche a connu une modification de taille. Les sections «mère» et «père» ont été remplacées par deux sections neutres intitulées «parents», dans lesquelles le lien de parenté est à préciser. La retouche rend le document plus inclusif, permettant aux couples homosexuels de se déclarer tous deux comme parent. Avant la rentrée 2016, la case «logeur/logeuse» était l’unique manière pour le conjoint non-statutaire de se déclarer lié à l’enfant.

Pour Mme Dupenloup, «cette situation pouvait être très dure, à la fois pour les enfants et leurs parents.» Chatty Ecoffey, responsable du groupe Homoparents de l’association 360, confirme: «Le document revenant chaque année, nous recevions de nombreux retours de parents qui ne savaient pas quoi faire. En conséquence, nous avons travaillé avec l’institution à la modification du formulaire.»

Les familles recomposées trouvent également leur place dans le nouveau document. «Le modèle familial est en pleine évolution. Le nouveau formulaire BDS permet d’inclure différentes configurations, pas uniquement l’homoparentalité», se réjouit Didier Bonny, coprésident de la Fédération genevoise des associations LGBT. «Ce genre d’impasses administratives sont très dures. Une telle modification peut paraître anodine mais le diable se cache dans les détails.»

La société change, l’école aussi

La démarche s’inscrit dans une volonté de réforme au sein du DIP. Mme Dupenloup a été nommée dans ce but: «Il est de la responsabilité de l’école de ne rejeter personne. Nous avons la volonté de dépoussiérer de nombreux documents qui commencent à dater. Il y a quelques années, le formulaire avait été revu pour que l’appartenance religieuse en soit retirée. L’école se doit d’être le reflet d’une société qui change. Ce formulaire n’est qu’un pas en ce sens, un gros travail reste à faire pour intégrer toutes les familles, dans leur diversité.»

Des circulaires d’informations sont mises en cause, notamment dans le domaine des loisirs. Comme l’explique Mme Ecoffey: «Le travail est encore long. Les couples homoparentaux sont confrontés à ces situations au quotidien. Notre association a pour mission de recenser ces problèmes afin d’avancer avec les institutions.»

La question de l’homosexualité et du genre fait l’objet d’un travail de fond au sein de l’instruction publique. La Fédération genevoise des associations LGBT travaille de concert avec le Département afin de mener des campagnes d’information et de sensibilisation dans les différents établissements du canton.

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