La parentalité est multiple

La crèche face aux familles homoparentales

En marge de la conférence nationale des familles Arc-En-Ciel, nous relayons un article du Temps du vendredi 24 mai 2013 (Marie-Pierre Genecand).

Des milliers d’enfants grandissent en Suisse dans des familles arc-en-ciel. Quel type d’accueil ou de préparation aux parents proposent les crèches qui accueillent ces enfants pratiquant un nouveau modèle?

En Suisse, entre 6’000 et 30’000 enfants grandissent dans des familles dites «arc-en-ciel», soit des familles dans lesquelles au moins un parent est homosexuel, bisexuel ou transgenre. Si la fourchette d’estimation est si large, c’est que cette évaluation relève de la sphère privée, qui plus est mouvante. Néanmoins, en Suisse, de plus en plus d’enfants ont deux pères ou deux mères. Et abordent la vie en société avec cette nouvelle réalité. Ce vendredi et samedi, à Genève, se tient la deuxième conférence nationale des familles arc-en-ciel dont l’intitulé, «Des préjugés à la reconnaissance», inclut cette idée de confrontation avec le monde.

A propos de socialisation de la progéniture, on pense à l’école, bien sûr. Mais, avant, qu’en est-il de la crèche, premier saut hors du nid? Est-ce que les centres de vie enfantine à Genève et Lausanne accueillent de manière particulière cette population? Tour d’horizon entre goûters et biberons.

«Sur les 4’500 enfants que nous recevons par an dans le réseau d’accueil de jour de Lausanne, je n’ai connu qu’une petite dizaine d’enfants issus d’une famille homoparentale ces dernières années, et chaque fois, c’était deux mamans», commence Jean-Claude Seiler, le chef du Service d’accueil de jour de l’enfance (SAJE) à la Ville de Lausanne.

«Nous n’avons pas de stratégie spécifique, ni de matériel particulier, mais nous répondons présent à chaque questionnement. Je me souviens d’un cas où des parents, alertés par leurs enfants qui évoquaient un copain et ses deux mamans, ont interrogé des responsables de la crèche à ce sujet. La réponse est toujours la même: chaque enfant a sa place dans une crèche, sans discrimination politique, sociale ou religieuse, c’est notre mission. Nous entendons la préoccupation des parents, mais nous n’entrerions pas en matière s’il y avait un début de contestation.»

Position identique de Sandra Capeder, cheffe du Service de la petite enfance de la Ville de Genève. «Bien sûr que les parents peuvent être surpris, lors de la réunion de la crèche, de découvrir deux mamans lors du tour de présentation, mais si nous adoptions une position préventive, à savoir une information préalable, ce serait stigmatisant pour les parents concernés et source d’inquiétude pour les autres parents. En plus, on pourrait élargir cette information aux familles dont le père a l’âge d’être grand-père ou aux familles frappées par le deuil, la maladie, ainsi qu’à une multitude d’autres constellations familiales. Ce serait sans fin et sans fondement.»

Des familles et des livres
Documentation proposée par les bibliothèques municipales genevoises.